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Friday, January 14, 2005

French Parano from ChicType

mercredi 05 janvier
French parano
Parfois je me dis que ma façon de voir mon environnement est assez mauvaise. Je me demande s'il ne faudrait pas que je vois un psy pour évaluer la possibilité de changer un certain nombre de paradigmes qui perturbent mon esprit. Je dois admettre que j'ai une vision assez négative de la société, de mon pays, des gens qui peuplent ce pays et en gros du système tout entier. Je me demande parfois si je ne suis pas complètement parano (se poser la question est déjà un signe flagrant).
-Pour résumer le mal qui me ronge, Docteur, j'arrive pas à me débarrasser de l'idée, très certainement erronée, que je vis dans une société ultra-totalitaire. Carrément. Une société du type « meilleur des mondes ».
-Pouvez vous développer?
-Oui bien sûr, mais c'est assez embrouillé dans ma tête, c'est un ensemble de fait plus ou moins marquants, ayant des liens pas toujours évidents entre eux. C'est aussi un certain nombre d'impressions et de sentiments que je n'ai pas les moyens de prouver. Je ne sais pas... Par exemple;
J'ai le sentiment que le système police/justice n'est pas fait pour me protéger. Je me fait l'idée, sans doute fausse, mais j'ai du mal à penser autrement, que si on me vole ou on m'agresse dans la rue, l'affaire sera systématiquement classée sans suite. Je sais que si mon opérateur téléphonique décide de m'arnaquer de 10-20 euros par ci par là, je ne pourrais pas faire valoir mes droits. Je sais que si demain je prête de l'argent à quelqu'un et que ce quelqu'un refuse de me rembourser, je ne pourrais rien faire légalement. Si je me fait agresser et que je me défends avec ce que j'ai sous la main, je sais que je pourrais être accusé d'agression à mon tour. Je sais que si l'État ou une puissance quelconque décide, je sais pas, de mettre une antenne relais en face de chez moi, ou de construire une autoroute devant ma maison, je n'aurais le droit que de fermer ma gueule, et qu'au mieux le dédommagement sera proche du symbolique. Si un médecin fait une grave erreur médicale sur moi, m'inocule un virus ou m'estropie ou me défigure, j'aurais au mieux une petite pension style RMI que l'assurance du fautif paiera. Si demain une bande de racaille me tabasse et qu'ils se font gauler, je sais qu'ils seront dehors le jour même, que le procès n'aura pas lieu, ou dans longtemps, me coûtera très cher, et que les dommages payés, dans le meilleur des cas, ne dépasseront pas les frais de justice ou ne seront pas à la hauteur du dommage subits. Je sais que si un voisin me casse les couilles, d'une part je n'aurai pas le droit de régler l'affaire moi même à la loyale, et que de l'autre coté la justice/police ne fera rien. Je sais aussi que de très nombreuses catégories de la population, appelons les « les notables », peuvent me faire subir n'importe quoi n'importe comment, à part me perdre comme client, ils sont pratiquement inattaquables. Un avocat peut m'arnaquer, un médecin peut me rendre malade, ma banque peut m'imposer des frais cachés, mon assureur peut me tromper sur ses contrats, mon opérateur téléphonique peut biaiser toutes les règles du commerce, un huissier peut me spolier, un notaire peut se servir, un politicien peut favoriser ses amis, etc... et face à ça, il m'est pratiquement impossible de faire valoir mes droits (coûteux, long, compliqué), et je sais que je me retrouverais isolé face à des institutions ultra puissantes, et si la faute est reconnue, les réparations seront faibles. Etc, etc, etc.
J'ai d'autre part l'impression que le système est complètement verrouillé à tous les niveaux. Économiquement toutes les places me semblent prises et il me semble qu'il faut demander des autorisations à tous les niveaux pour créer quelque chose, toutes les activités humaines me semblent complètement encadrées. Ne serait ce que d'installer un étal sur un marché ou s'installer en tant que nettoyeur de vitre est une prise de tête juridique et comptable. D'autre part, j'ai l'impression que sans un gros capital de départ, on ne peut rien créer en France, rien qu'un petit commerce du type vente de journaux ou sandwicherie coûte les yeux de la tête. Au niveau politique c'est aussi complètement hermétique, si on a pas fait l'ENA ou Science Po, c'est à dire si on n'est pas de ceux qui ont voulu à l'adolescence être dans la politique, on a aucune chance d'y participer. Dans le milieu des médias ou du show business tout me semble fonctionner à coup de renvoie d'ascenseur, de copinage, de coucherie, de népotisme. Au niveau du partage du territoire, les endroits sympas sont hors de prix pratiquement inaccessible à la classe moyenne, quand on veut construire c'est toute une prise de tête juridique, et quand on est pauvre on se retrouve coincé dans des cités dortoirs multiraciales. Louer est extrêmement compliqué en raison des garanties demandées si bien que changer de logement est une affaire très difficile pour beaucoup. Etc, etc, etc.
Je crois de plus que la puissance créatrice et productrice des individus est méthodiquement annihilée. La force de la France était ses créateurs, ses artistes, ses auteurs, ses artisans, ses inventeurs, ses cuistos, etc. Tous ces gens indépendants dont le principale talent consistait à avoir de l'imagination et du savoir faire et de l'exercer librement, de manière indépendante. Aujourd'hui, le créatif travaille dans la communication et est beaucoup moins bien payé que le vendeur. Celui qui sait écrire est pigiste aux ordres, circule en métro et vit dans un studio tandis que le représentant en espace pub gagne 5 fois son salaire. L'ingénieur bac+5 débutant gagne autant que la secrétaire, et ne dépassera jamais le salaire du vendeur moyen. Le créateur de logiciel fait le boulot ingrat , est bien moins payé que celui qui exploite le logiciel. L'artisan d'art gagne moins que son négociant. L'inventeur se fait dépouiller. Le cuisto devient salarié dans l'industrie alimentaire. Tout ce petit monde oscille entre chômage et job sous payés ou dans l'univers ingrat des free-lance. Et alors que les métiers créatifs et productifs sont dévalués, les métiers improductifs et non-créatifs de juristes, financiers, vendeurs, pute etc. ne connaissant pas la crise. La créativité n'est plus reconnue et l'indépendance est découragée.
Je considère les hommes politiques et le pouvoir en France en général comme étant complètement corrompu. La corruption est même arrivé à un tel niveau en France qu'elle est devenue légale. Les grosses affaires de corruption/favoritisme/enrichissement n'aboutissent pratiquement jamais. D'autre part, le favoritisme, le placement d'amis, la remise de postes dans les conseils d'administration et aux têtes de grandes entreprises des fonctionnaires d'Etat (affaire Jaffré, Messier...) sont considérés comme des faits normaux. J'en suis par ailleurs venu à penser que pratiquement aucun appel d'offre ne repose sur des critères qualité/prix mais font l'objet de tractations occultes. Je pense qu'aucun pays au monde que la France, à part certain pays africains peut être, ou la Chine communiste, ne pratique autant la collusion entreprise/politique . D'une manière général, je pense que pour arriver à un certain niveau en politique en France, il faut être un super-enculé, et qu'un type honnête n'a aucune chance de diriger vraiment en France.
Je considère aussi que le monde des idées est totalement sclérosé en France, que le milieu intellectuel est entre les mains d'un petit groupe d'éditeurs, d'hommes de médias et d'hommes de réseaux, d'un coté des idées sans intérêts, voir consternantes de connerie, très peu partagées dans le peuple, obtiennent un écho démesuré, jusqu'à ce que le peuple les adoptent, et d'autre part, tout un pan de la pensé est bloqué par ces mêmes intervenants. Il y a un refus de débattre en France, c'est le phénomène « pensée unique » dont on arrive pas à se débarrasser. Ajouté à cela le phénomène « politiquement correct ». Le moindre penseur qui dévie se fait dégommer par les médias et l'intelligentsia en place. Pour accéder au milieu intello parisien, où tout se fait, il faut faire toutes sortes de compromissions. Enfin, un certain nombre « d'intellectuels » ayant à peut près tous les mêmes idées monopolisent quasiment tout les médias et ont une certaine puissance dans le monde politique, économique et médiatique (BHL, Minc, Attali, Sollers, Adler, Rufin, Beigbeder ...), et ceux qui ont des idées opposées sont souvent considérés comme des ennemis à abattre et sont interdits d'antenne et d'édition. Etc, etc, etc.
Je pense aussi que le milieu de la création et de la culture en France est complètement dépendant du système en place. Le cinéma ne fonctionne qu'avec des subventions d' État et le financement des chaînes de télévisions proches du pouvoir. Les distributeurs sont aussi très liés au pouvoir en place (Gaumont= Seydoux, Bolloré, Dassault=contrats d'Etat, UGC= Vivendi=contrats d'état, MK2=Marin Karmitz=militant de gauche). Le milieu de l'art est complètement sous perfusion du ministère de la culture. Il n'y a pratiquement pas de musées ou de fondations privées en France. La création télé est dépendante de la télévision d' État et même les chaînes privées sont dépendantes de l'État pour les autorisations d'émettre. Tout ce qui est journaux/magazine/livre est entre les mains de sociétés liées à l'État. Même le milieu de la musique se retrouve dépendant de majores qui sont dépendantes d'actionnaires qui ont comme client principal l'État. Bref, aucune expression réellement contestataire ne peut émerger de ce cloaque là, un créateur, pour percer, devra d'abord apprendre à plaire à ce milieu , ceci expliquant je pense la platitude de la création française, tous domaines confondus. Par exemple, je pense qu'en France des auteurs comme Manson, Eminem, Bret Easton Ellis, James Ellroy auraient été empêché de s'exprimer dès le début, ou relégué à la marge, sans relais dans les médias. Des émissions de télé comme X file, South Park et autres séries américaine décalées qu'on a aujourd'hui auraient été complètement dénaturées par « les impératifs de production ».Cameron, Carpenter ou Verhoven n'auraient jamais pu sortir leurs premiers films. Etc, etc, etc.
Je crois d'autre part que le système en place joue contre la population. Je pense par exemple que l'immigration n'est pas faite pour favoriser la population, je pense le contraire, c'est fait pour diviser pour mieux régner et casser le sentiment d'appartenir à un peuple (peuple qui pourrait se retourner contre le pouvoir en place). Maintenir le chômage à un niveau élevé a été voulu afin de rendre les gens dépendants du système d'Etat. Remettre en question systématiquement le passé et l'identité des français n'est pas pour faire progresser les gens, mais pour annihiler toute fierté et tout sentiment d'appartenance, pour que les gens se raccrochent à la fierté et à l'appartenance républicaine exclusivement. Si plus de 50% du PIB va au budget de l'État et que tous les systèmes de solidarité (chômage, santé, retraite, etc...)et l'éducation sont monopole d'Etat c'est pas par esprit de justice mais c'est pour rendre l'individu dépendant d'un pouvoir central. Maintenir un niveau d'insécurité permet à l'Etat de s'affirmer et de se rendre indispensable. Les divisions dans la société française et les dissensions sont des avantages pour le pouvoir qui fait en sorte de les maintenir. Etc, etc, etc.
Je crois aussi que le pouvoir en place est ultra-puissant, qu'il est impossible de lui échapper, qu'il est impossible de le renverser aussi. Il est omniprésent partout, ses dogmes sont rappelés en permanence. Il intervient à tous les niveaux de l'existence. Il s'occupe de la naissance, de la mort, des unions, de la sexualité, de tout. De plus l'expérience révolutionnaire et contestataire en France fait qu'aujourd'hui l'État s'est complètement blindé à tous les niveaux. Un mai 68 serait impossible aujourd'hui (cf grèves étudiantes depuis 1986). L'interruption du service militaire , l'interdiction des armes , la pénalisation de l'autodéfense et en parallèle l'ultra-professionnalisation des forces de maintiens de l'ordre et l'omniprésence des sécurités privées fait que la confrontation avec le pouvoir est devenue impossible. Il ne reste que les élections pour changer les choses, mais les différents partis ne proposent pas de vrais alternatives.
Je crois qu'il n'y a pas de vrais contre-pouvoir en France. UMP ou PS ont à peu prêt le même programme et passer d'un parti à l'autre ne change rien. Les petits partis sont là pour donner l'illusion de la démocratie et au mieux se contentent de miettes (il suffit de donner un ministère ou un syndicat pour que ces partis soient bien gentils). Le FN a un rôle de croque-mitaine dans les élections, et en même temps, par ses scores, il empêche à toutes nouvelles formations politique sérieuse de venir concurrencer l'UMP et le PS. Le FN est l'idiot utile de la politique Française. Nous somme quasiment dans une configuration du parti unique.
Je crois que la doctrine républicaine est devenue une sorte de religion. C'est devenu la religion officielle. Elle vient en concurrence avec les autres religions. C'est une religion intolérante, ne pas croire en elle fait de vous un hérétique et c'est sévèrement puni. L'interprétation faite des droits de l'homme ne peut pas être contestée. Les politiciens français aujourd'hui parlent comme des prêtres, leur discours concernent en général la manière dont il faut penser ou ressentir les choses, les sentiments que nous devons avoir, les liens d'amour ou de rejet qui doivent exister entre nous. Le pouvoir temporel et intemporel est entre les mains des mêmes personnes. Etc, etc, etc.
Les médias expriment à peut prêt les même idées et la même vision sur tous les sujets importants. Tout ces médias sont dépendants du système politique et économique, n'assument plus leur rôle de contre pouvoir depuis belle lurette, ne cherchent pas à exposer la réalité d'un pays, mais à influencer le peuple par la manipulation, le mensonge ou l'omission, empêchent les dissidents d' avoir une visibilité, mettent en avant les collabos, donnent une image favorable des tenants du pouvoir. Etc, etc, etc.
-Voilà Docteur comment je vois les choses. Cette terrible impression de vivre dans un État totalitaire complètement figé et verrouillé de toutes parts n'est vraiment pas facile à vivre.
-Je vous comprend. On va vous donner quelque médicament, ça ira mieux, et si ça ne s'améliore pas, on vous fera une petite séance d'électrochoc, ça vous va?
-Oh, merci Docteur !
Publié par chictype
http://www.hautetfort.com/chictype/billets/39582/

As always, translation to follow...

1 Comments:

At 5:57 PM, Blogger Roman Bernard said...

J'aime beaucoup ce que vous faites.

 

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